ChronoCode, le livre, Chapitre 1
ChronoCode
Bruno, un jeune Geek invétéré, achète un vieil ordinateur portable lors d’une vente aux enchères en ligne. Il va découvrir, en compagnie de sa meilleure amie Emma, après une tentative de réparation qui tourne mal, que l’appareil recèle un bug qui les propulse dans une époque différente.
***
Chapitre 1
Fallait pas l’acheter
Tout a commencé un 29 février. Oui, c’est durant ce jour supplémentaire qui se glisse périodiquement dans notre calendrier que l’impensable se produisit.
Je m’appelle Emma, j’ai presque 15 ans, je suis incontestablement la meilleure amie de Bruno qui lui avait une petite année de plus que moi.
Je me rendais chez lui ce fameux jour. On n’avait rien prévu de spécial, je savais que je le trouverai, comme d’habitude, devant son ordinateur.
J’étais en train de monter l’escalier menant à sa chambre, quand j’entendis un ‘’Yes, je l’ai eu, je suis trop fort’’, signe qu’il venait, une fois de plus, de faire une acquisition lors d’une énième enchère en ligne.
C’était son talon d’Achille. Bruno achetait compulsivement de vieux ordinateurs en panne pour avoir le plaisir de faire le diag comme il aimait à le dire, de les réparer et ainsi leur donner une seconde vie.
Ne vous y trompez pas, il n’est pas pour un sou écolo, il aimait les défis techniques tout simplement.
C’est un garçon curieux de tout, qui, déjà, enfant, démontait ses jouets pour ‘’comprendre’’.
Il est clair qu’il venait de faire une bonne affaire. J’allais, comme d’habitude le féliciter, plus par politesse, que par réel intérêt. L’informatique était un domaine qui me laissait indifférente, et c’est un doux euphémisme.
Je m’approchai de son bureau quand il tourna la tête dans ma direction, affichant cet air de winner que je ne connaissais que trop bien.
Il n’entendit manifestement pas mon Bonjour et attaqua d’emblée, sans répondre à ma politesse, le début de cette conversation aux conséquences inattendues :
-
35 euros, tu le crois ça ? À ce prix-là c’est donné ! C’est un Acer de 2007 ! Okay, je sais ce que tu vas me dire, qu’il est trop vieux et irréparable. Mais je n’ai pu résister, d’autant plus que j’étais le seul enchérisseur, si c’est pas un signe ça !
J’avais l’impression d’avoir déjà eu mille fois cette conversation. Comme d’habitude il se félicitait de son acquisition, et comme d’habitude j’essayais, sans vraiment y parvenir, de comprendre son engouement pour ces vieilles reliques. Sauf que, si l’on met de côté le fait qu’il avait été le seul à enchérir — bizarre tout de même — ce qui m’interpella surtout c’est la suite des évènements, voyez plutôt la suite de son monologue :
-
Attends, tu le crois cela ? L’acheteur habite la même ville que nous, et il propose de me livrer dans moins d’une heure ! C’est dingue ! Je vais pourvoir lui ouvrir les entrailles dès aujourd’hui !
Je ne pus m’empêcher une petit vanne pourrie, tout en essayant de canaliser cette joie grandissante :
-
Tu parles d’ouvrir qui ? Le livreur ou la bécane que tu as achetée ? Eh, redescends, c’est qu’un ordinateur en panne. Je te trouve bien excité. Tu veux pas plutôt qu’on aille se faire un ciné, il y a un nouveau film que j’aimerais voir ?
L’intéressé ne sembla pas entendre ces quelques mots et continua imperturbable son monologue :
-
Bon, vu que c’est un 7720, je connais bien ce modèle, je vais commencer par changer le disque à plateaux, cela va le booster.
Il arborait ce sourire béat qui me faisait systématiquement sourire. Je décidais de redescendre l’escalier pour me faire un petit thé, le temps que l’ostrogoth redescende de son nuage. Cet achat l’avait excité pour la journée.
Mais je dois reconnaître qu’acheter quelque chose en ligne et le recevoir quelques minutes après chez soi est grisant… Je ne croyais pas si bien dire.
Je n’eus pas le temps de goûter ma boisson chaude, que quelqu’un sonna à la porte. Les parents de Bruno étant absents, je me permis d’aller ouvrir.
Sauf que, incroyable, personne sur le perron ! J’allais pester contre ces gamins qui sonnent aux portes pour enquiquiner les gens, quand je me rendis compte que, à mes pieds, se trouvait un colis.
Je me fis instantanément cette réflexion à voix haute :
-
Non, ce n’est pas possible, ce ne serait quand même pas le… portable ?
Cela me semblait difficile à croire, mais c’était possible, bien qu’extraordinaire.
J’entendis alors Bruno crier du fond de sa chambre :
-
C’est qui ?!
Je lui répondis d’un ton malicieux :
-
Je sais pas. C’est un colis. Et vu l’étiquette, il est pour toi ! répondis-je en criant plus fort que lui.
Je n’eus pas de réponse. J’entendis par contre dans les quelques secondes qui suivirent quelqu’un, vous devinez qui, dégringoler le vieil escalier en bois qui émit un grincement de protestation.
À la vue du colis, sans même l’ouvrir, son contenu lui parût manifestement évident, et il cria un :
-
C’est Noël ! Je vais m’y mettre tout de suite ! On n’aura pas le temps pour le ciné, désolé. Il remonta en courant l’escalier, sans attendre de réponse de ma part, qui se plaignit encore plus fort avec un grincement désespéré.
Mis à part le fait que manifestement il avait entendu ma proposition cinéphile, ce vieux chameau était malentendant quand cela l’arrangeait ; je trouvais la situation bizarre.
Qu’il ait déjà reçu sa commande, soit. Mais, ce qui me gênait le plus, c’est de ne pas avoir rencontré le livreur ou le vendeur. On ne saura jamais.
Ces questions légitimes n’avaient manifestement pas effleuré Bruno qui commençait déjà à brancher l’ordinateur sur une multiprise surchargée.
Son excitation était palpable. Je m’assis à côté de lui pour partager ce moment qui restera inoubliable, vous pouvez me croire.
Il appuya sur le bouton de mise en marche et… grosse déception.
L’excitation des premières minutes fit place à de l’agacement.
Il commenta à voix haute, il faisait toujours cela quand il était surpris, cela l’aidait à réfléchir.
- C’est bizarre, j’ai bien vu le logo de Vista s’afficher, puis plus rien. Il s’est éteint dans la foulée.
Il appuya à nouveau sur le bouton dédié, et ce coup-ci rien ne se produisit !
Il poursuivit son commentaire, de plus en plus agacé, ses sourcils froncés en témoignaient :
- Le vendeur s’est moqué, de moi ! Il a écrit dans l’annonce que l’ordi démarrait, mais qu’il était d’une extrême lenteur, qu’il mettait un bon quart d’heure pour afficher le bureau, pas qu’il s’arrêtait au bout de quelques secondes ! Je vais lui envoyer un message pour qu’il me rende des comptes, cela ne va pas se passer comme cela.
Il se rua sur son clavier afin de mettre sa menace à exécution. Il écrasait les touches de colère. Bruno se mettait rarement dans un tel état. Manifestement quelque chose l’intriguait, il ne savait pas encore quoi.
Oui il achetait de vieux ordinateurs en fin de vie, abîmés, cassés ou en panne, mais jusqu’ici les descriptifs des vendeurs collaient à peu près aux ordinateurs proposés.
Oui il avait eu ce portable pour une bouchée de pain, mais il aurait préféré plus d’honnêteté du vendeur.
- Emma ! Tu le crois ça ?! me dit-il, perplexe.
-
Qu’est-ce qu’il y a ? lui répondis-je inquiète. Je l’avais rarement vu aussi décontenancé.
- Le compte du vendeur n’existe plus !
-
Okay, tu t’es fait avoir, c’est pas grave, t’as perdu que 35 euros, c’est pas la mort ! lui répliquai-je avec philosophie et un demi-sourire en coin.
-
Mouais, t’as raison, mais… Je n’ai plus aucune traces de ma transaction, elle n’apparaît plus sur mon compte, c’est comme si je n’avais jamais acheté cet ordinateur !
Oui, difficile de faire une réclamation pour un achat qui n’existe pas !
***
Accès à d’autres chapitres ICI.
Le livre sera disponible en Juillet 2024 sur Amazon,
si vous souhaitez être prévenu de sa publication, envoyez-moi un mail à sospcnews@gmail.com
Christophe
Rejoignez SOSPC, et profitez de contenus et d’avantages exclusifs à partir de 2 € / mois.
Plus d’infos en cliquant ICI.
Christophe. Administrateur.