ChronoCode, le livre, Chapitre 5
ChronoCode
Bruno, un jeune Geek invétéré, achète un vieil ordinateur portable lors d’une vente aux enchères en ligne. Il va découvrir, en compagnie de sa meilleure amie Emma, après une tentative de réparation qui tourne mal, que l’appareil recèle un bug qui les propulse dans une époque différente.
***
Chapitre 5
Réparer l’ordinateur
Bruno
Emma venait de me quitter. Je m’en voulais de lui avoir répondu aussi sèchement.
Mais c’était plus fort que moi, dès que j’avais devant moi une question sans réponse je me réfugiais dans ma bulle.
Cette histoire commençait à devenir obsessionnelle et je savais que, n’ayant pas l’habitude de faire les choses à moitié, elle allait sûrement m’emmener très loin.
J’enverrai tout à l’heure à ma chère Emma un petit SMS lui souhaitant bonne nuit, histoire de lui faire oublier mon impolitesse.
C’était un rituel qui s’était installé entre nous depuis plusieurs années.
N’y voyez là aucune ambiguïté, Emma était comme une sœur pour moi.
Je devais réparer ce maudit portable pour avoir accès à cet étrange Forum. Je n’avais aucune idée de la panne à ce stade.
Je devais le démonter, je ne me coucherai pas tant que je n’aurai pas trouvé une solution.
L’ouverture de l’engin fût rapide, ces anciens modèles n’étaient pas les mieux conçus pour faciliter cette opération, mais j’en avais ouvert tellement que je pourrais faire cela quasiment les yeux fermés.
Au bout d’une heure et demie il fallait me rendre à l’évidence : pas de panne constatée, tout semblait normal.
Je vous passe les détails passionnants pour un initié mais barbant pour un néophyte. J’ai en gros effectué quelques tests et interchangé quelques pièces.
Je décidai, avant de refermer cette énigme électronique, d’enlever la poussière accumulée — un ennemi sournois pour tous les composants informatiques — et de changer la pâte thermique.
Elle permet d’améliorer grandement le refroidissement du processeur en facilitant les échanges thermiques avec ce que l’on appelle dans notre jargon le “ventirad”, abréviation de ventilateur et radiateur.
C’est une source fréquente de panne pour tout appareil étroit et nomade, l’évacuation de la chaleur générée étant vitale.
Je remontai le tout consciencieusement étape par étape, nappe après nappe, connecteur après connecteur, vis après vis.
Puis, espérant un miracle, j’appuyai sur la touche de mise en marche : mais rien ne se produisit !
Je renouvelai l’opération plusieurs fois, on ne sait jamais…
Un bâillement incontrôlable se manifesta soudain, je me levai de ma chaise pour m’étirer comme à mon habitude.
Je regardais par la fenêtre la rue éclairée en cette nuit dégagée, quand j’entendis – je me demandai alors si je rêvais dans mon sommeil – l’ordinateur portable démarrer !
Je me ruai vers la chaise, tout excité par ce rebondissement. Je manquai de me casser la figure, mon postérieur s’étant placé bien malencontreusement un peu trop au bord de cette dernière.
Ma fatigue avait temporairement disparu, je patientais religieusement devant l’écran où de nombreuses – et anormales – lignes de code défilaient, puis une question s’afficha au centre de l’écran :
Your Username, please.
Vous allez peut-être rire, mais je n’avais pas pensé qu’il y aurait un compte utilisateur sur cet ordinateur.
D’abord parce que le vendeur ne l’avait pas mentionné dans l’annonce – mais au vu de la situation et l’absence de fiabilité de ce dernier je ne devrais plus être étonné – et ensuite parce que, en général, les ordinateurs d’occasion mis en vente sont formatés par leurs anciens utilisateurs, histoire d’être sûrs qu’aucune donnée personnelle ne traînait.
J’étais maintenant devant un problème de taille.
Oui, je pourrais réinstaller le Système d’Exploitation, mais le manque de fiabilité avéré de ce portable me promettait d’ores et déjà de passionnantes heures de travail.
Il me vint alors une idée saugrenue : et si je tapais mon prénom ?
Oui, c’est totalement illogique et irrationnel, mais le mystère qui entourait la vente et la personnalité étrange de ce vendeur me laissaient penser que tout était possible !
De toute façon je n’avais pas grand-chose à perdre, il était presque cinq heures du matin et la fatigue commençait à se faire durement sentir ; oui, je ne suis pas un surhomme.
Je tapais doucement, comme si j’avais peur que l’écran s’éteigne brutalement, les cinq lettres de mon fabuleux prénom B R U N O et au moment d’appuyer sur la touche Entrée du clavier j’eus, allez savoir pourquoi, une brève hésitation.
Je m’attendais à un message d’erreur classique m’informant de la saisie d’un utilisateur inexistant.
Mais non, la bestiole se mit à travailler, les nombreux clignotements de la LED du disque en témoignaient…
Je patientais quelques minutes, puis plusieurs dizaines de minutes, l’engin continuait à mouliner.
Je n’osai quoi que ce soit ne voulant pas interrompre cette unique fois où j’avais eu un résultat tangible.
Je retournai vers la fenêtre, les lampadaires de ma rue s’étaient éteints, le jour commençait à se lever.
Bon, il fallait que prenne une décision : le laisser tourner encore une heure ou deux, l’arrêter, le redémarrer ? Je ne savais pas quoi faire, et je dois le dire, cela m’arrivait rarement de sécher comme cela.
Je décidai finalement de l’arrêter, la mort dans l’âme, vaincu.
J’appuyai alors longuement sur le bouton marche-arrêt, procédure à appliquer pour un arrêt d’urgence quand on n’a pas d’autres possibilités, et attendit l’extinction complète.
Je me couchai dépité, mais pas mécontent de retrouver mon lit dans lequel je n’avais pas mis les orteils depuis vingt-quatre heures.
Le sommeil me gagna sans surprise rapidement.
Fatigué ou non, j’ai toujours eu un sommeil léger, et c’est avec agacement que je fus réveillé par un bip strident.
Je bougonnai dans mon sommeil, je ne savais plus trop quelle heure il pouvait être, quand je me fis cette réflexion : mais qu’est-ce qui a sonné ?! Aurais-je rêvé ?
Je me décidai à me lever et, ô surprise, l’ordinateur s’était rallumé tout seul !
Je m’approchai pour lire ce qui était affiché :
Welcome, press enter to continue
Je ne me fis pas plus prier et écrasai la touche salvatrice.
Et, devinez quoi, la bestiole se mit à travailler, les nombreux clignotements de la LED du disque en témoignaient.
Cela a un air de déjà vu, vous ne trouvez pas ?
On n’allait pas se moquer de moi deux fois de suite : je repartis illico dans mon lit douillet !
La bestiole avait du caractère, elle n’avait manifestement pas apprécié ma désertion, elle se mit alors à biper bruyamment et plusieurs fois qui plus est !
J’aurais voulu qu’Emma soit là pour voir cela, elle aurait été morte de rire !
Je me relevai brutalement et courus – oui, je sais la distance entre mon lit et mon ordinateur ne pouvait pas permettre cela en théorie, mais je le maintiens, j’ai littéralement couru !
Une question à choix multiple et en français s’était affichée :
Léonard de Vinci était :
- Un peintre ?
- Un sculpteur ?
- Un scientifique ?
- Un écrivain ?
Tapez votre réponse.
Je n’avais pas une culture phénoménale, mais je flairai tout de suite le piège.
Léonard de Vinci était tout cela à la fois, je n’hésitai pas et tapai 1,2,3 et 4 et confirmai avec la touche Entrée.
Vous savez quoi ? Eh bien, une fois n’est pas coutume, je n’eus pas à attendre, ce message s’afficha instantanément :
have a good trip !
Je levai alors les yeux de l’écran surpris par ce message qui me souhaitait Bon Voyage !
Et puis quelque chose changea dans la pièce, je ne saurais pas trop dire quoi.
La luminosité avait baissé subitement.
Incroyable : je ne reconnaissais plus ma chambre, le mobilier avait changé, il était très vieux maintenant !
Ce n’étais pas possible, j’étais dans mon lit, c’est sûr, j’étais sûrement en train de rêver. Je ne voyais que cette explication !
Je m’approchai de la fenêtre, inquiet, et ce que je découvris me glaça d’effroi : une rue d’apparence moyenâgeuse !
Et le pire était à venir : je me retournai et constatai que mon bureau informatique avait été remplacé par une vielle table !
Mon ordinateur et mon téléphone avaient été eux remplacés par deux gros livres reliés !
Il y avait aussi une bougie éteinte et un tableau ancien.
Il y avait de nombreux et anciens tableaux sur les murs, je ne reconnaissais décidément rien du tout.
Curieusement la première chose qui me vint à l’esprit fut que j’avais oublié de souhaiter la bonne nuit à Emma.
La deuxième était, elle, plus inquiétante : mais où avais-je atterri bon sang ?
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Christophe. Administrateur.