ChronoCode, le livre, Chapitre 3

ChronoCode

Bruno, un jeune Geek invétéré, achète un vieil ordi­na­teur portable lors d’une vente aux enchères en ligne. Il va décou­vrir, en com­pag­nie de sa meilleure amie Emma, après une ten­ta­tive de répa­ra­tion qui tourne mal, que l’appareil recèle un bug qui les propulse dans une époque différente. 

***

Chapitre 3

Entr­er dans le Forum à tout prix

 

Nous étions à nou­veau dans une impasse. Je voy­ais Bruno tourn­er en rond comme un lion en cage dans cette étroite cham­bre, et cela me con­trari­ait énormément.

 

Mais vu l’heure tar­dive je devais me résoudre à par­tir. C’est donc avec tristesse que je l’abandonnai. Je descendais tout douce­ment l’escalier, m’approchais de la porte sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller la maison­née, quand j’entendis dans ce silence monacal le portable de Bruno biper bruyamment.

 

Évène­ment qui fut suivi immé­di­ate­ment par un hurlement qui réson­na dans toute l’habitation :

 

  • Viens voir c’est incroy­able ! Viens voir tout de suite, j’te dis, tu vas pas le croire !

 

Je remon­tai les march­es qua­tre à qua­tre dévorée par la curiosité.

 

Bruno me ten­dit son portable sur lequel je pus lire ce mes­sage énigmatique :

 

Intrépi­de explo­rateur, une épreuve unique t’attend. 

Une ques­tion, une clef. 

Plonge dans les méan­dres du savoir numérique, où la bonne réponse t’ouvrira les portes de CryptoNetForge. 

Que le code soit avec toi.

 

Il était suivi d’un drôle de sym­bole sur lequel on nous invi­tait à cliquer.

Nous étions excités par le chal­lenge, hors de ques­tion que je parte me couch­er. Il fal­lait que l’on sache de quoi il retour­nait tout de suite. On nous don­nait la pos­si­bil­ité de gag­n­er un accès, c’était une aubaine.

 

Je ne perdis pas de temps à me deman­der com­ment c’était pos­si­ble que quelqu’un soit au courant de notre demande. Et de toute façon Bruno était lui déjà par­ti au quart de tour :

 

  • À toi l’honneur ! M’annonça-t-il avec un ton solen­nel accom­pa­g­né d’un petit clin d’œil.

 

Je ne me fis pas plus prier et cares­sai l’écran tac­tile. Et une ques­tion apparut immédiatement :

 

Si vous décou­vrez une faille de sécu­rité majeure dans un Sys­tème informatique, 

seriez-vous prêt à la divulguer publiquement 

même si cela sig­ni­fie poten­tielle­ment nuire à la répu­ta­tion de l’en­tre­prise concernée ?

 

 Le mes­sage était accom­pa­g­né d’un compte à rebours oppres­sant de 60 secondes !

 

  • Ben la réponse est sim­ple ! s’exclama mon acolyte sur­pris par un test aus­si facile. Je préviens tout de suite les autorités, c’est trop grave ! Allez, je réponds tout de suite.

 

  • Attends, t’excite pas ! Réfléchis un peu ! Lui asse­nai-je très agacée. Si la ques­tion sem­ble facile, c’est qu’il y a un piège !

 

Le joueur, vexé, avait per­du le sourire de win­ner qui s’était allumé dans les dix précé­dentes secondes.

 

Elle avait sûre­ment rai­son la demoi­selle sem­blait dire son vis­age déconfit.

 

Je pour­suiv­is, tou­jours aus­si directive :

 

  • Écoute, c’est pas un con­cours pour gag­n­er des bis­cottes. On doit essay­er de récupér­er un accès à un forum caché, tu pens­es bien qu’il y a une sélec­tion ! Donc, je pense que la pre­mière réponse qui t’est venue spon­tané­ment à l’esprit n’est sûre­ment pas la bonne, mais alors pas du tout…

 

  • Okay, d’accord chère amie. Me répon­dit-il du tac au tac. Dis-moi, t’aurais répon­du quoi, toi qui sais tout ?

 

Je ne savais bien évidem­ment pas ce qu’il fal­lait répon­dre, mais je ne me démon­tais pas devant ce macho.

 

Je relus plusieurs fois l’énoncé. Car comme me dis­ait tout le temps mon pro­fesseur de math­é­ma­tiques : “On a déjà 50 % de la bonne réponse quand on a lu cor­recte­ment la question…”

 

Je répondis sans trop être sûre :

 

  • Ce terme ‘’publique­ment’’ doit être impor­tant. Tu ne crois pas ?

 

L’intéressé réag­it alors, et eu man­i­feste­ment une ful­gu­rance à la vue de son expres­sion soudaine­ment très joviale :

 

  • Okay, tu as rai­son, j’ai fail­li me faire avoir comme un demeuré ! La bonne réponse doit être : j’informe l’en­tre­prise de la faille de sécu­rité pour leur per­me­t­tre de la cor­riger avant toute divul­ga­tion publique. Enfin, un truc du genre…

 

Nous n’avions plus le temps de par­lementer plus, il ne restait plus qu’une dizaine de sec­on­des, je tapais fréné­tique­ment cette réponse en l’accompagnant dans l’émotion de nom­breuses fautes d’orthographe. Je cli­quais sur Envoy­er

 

L’écran du smart­phone se vida bru­tale­ment, il n’y avait plus aucune trace de nos échanges.

 

Nous étions là, tous les deux, à une heure du matin en train de scruter dés­espéré­ment un télé­phone. Nous osions à peine respir­er. Les sec­on­des s’égrenèrent lente­ment, il ne se pas­sait rien.

 

Puis, au bout d’une longue et inter­minable minute : ce mes­sage apparut :

 

Véri­fi­ca­tion en cours. Votre réponse est soumise à l’épreuve de l’algorithme. Soyez patient. 

 

Nous n’en savions pas plus. Et si nous nous étions trompés ? Et si JE m’étais trompée ?

 

L’adolescente têtue et fière que j’étais, doutait main­tenant. Et si j’avais per­du notre seule chance d’entrer dans ce mau­dit Forum ?

 

Cette his­toire était incroy­able. Nous étions là, en pleine nuit, absorbés par une énigme, tout cela à cause de l’achat d’un ordi­na­teur d’occasion à 35 mal­heureux euros.

 

On dit que le ridicule ne tue pas, je suis ten­tée de le croire…

 

Plusieurs longues min­utes s’écoulèrent encore quand l’écran du télé­phone se réveil­la, et chose éton­nante, ce n’est pas la son­ner­ie, mais le vibreur qui se man­i­fes­ta. Le mes­sage tant atten­du s’afficha :

 

Cha­peau bas. 

Vous avez bril­lam­ment décryp­té notre énigme, mal­gré les acro­baties orthographiques involontaires. 

Les let­tres ont peut-être fait une danse imprévue, mais votre suc­cès est bien mérité ! 

 

La sécu­rité des util­isa­teurs doit rester une pri­or­ité, et la divul­ga­tion respon­s­able est essen­tielle pour min­imiser les risques.

 Cette réponse mon­tre une approche éthique en ten­ant compte des con­séquences et en priv­ilé­giant la pro­tec­tion des utilisateurs.

 

Vous serez recon­tac­té rapidement.

 

Bruno souri­ait. Je ne savais pas si cela était dû au fait que nous avions gag­né ou parce que le mau­dit algo­rithme s’était moqué de moi.

 

Peu importe, on avançait dans notre quête.

 

Mais c’était bien joli tout cela. Nous avions passé le test, soit. Mais il ne se pas­sait rien de plus, rien d’autre. Com­ment allions-nous pou­voir accéder à ce forum tant convoité ?

 

Bruno devait se pos­er la même ques­tion car son sourire s’était main­tenant effacé. L’impatience com­mençait à poindre…

 

Le ‘’rapi­de­ment’’ était vague, cela pou­vait dire des min­utes, des heures ou pourquoi pas, nous n’osions l’envisager, des jours.

 

C’est vers trois heures du matin que nous avons été délivrés de nos angoiss­es. Notre iden­ti­fi­ant et notre mot de passe nous furent envoyés et c’est avec une grande joie que nous nous dirigeâmes vers l’endroit convoité.

 

Bruno saisit avec atten­tion toutes les infor­ma­tions gag­nées — le mot de passe occu­pait dix‑huit car­ac­tères — mais, coup de théâtre, l’accès nous fut refusé avec ce motif surprenant :

 

Seuls les ordi­na­teurs Acer 7720 sont accep­tés sur notre plate-forme.

 

Bruno me regar­da dés­espéré : il devait d’abord répar­er le portable qu’il avait acheté pour accéder au Forum !

***

Voilà, j’e­spère que ce troisième chapitre vous a plu.

Christophe

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Christophe. Admin­is­tra­teur.

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