ChronoCode, le livre, Chapitre 4

ChronoCode

Bruno, un jeune Geek invétéré, achète un vieil ordi­na­teur portable lors d’une vente aux enchères en ligne. Il va décou­vrir, en com­pag­nie de sa meilleure amie Emma, après une ten­ta­tive de répa­ra­tion qui tourne mal, que l’appareil recèle un bug qui les propulse dans une époque différente. 

***

Chapitre 4

Répar­er l’ordinateur

 

Nous étions une fois de plus stop­pés net. Bruno était sans voix. Il était clair que nous n’aurions pas pu anticiper une telle sur­prise. Décidé­ment cette his­toire était rocambolesque.

Je pris la parole tout en bail­lant en m’efforçant d’adopter l’intonation la plus pos­i­tive possible :

  • Bon, restons motivés. Répar­er ce satané ordi­na­teur va être une for­mal­ité pour toi. Je vais ren­tr­er chez moi, j’ai besoin de som­meil, le forum atten­dra, on en repar­le demain, hein ?
  • Non !

La réponse nette et pré­cise avait fusé sans crier gare. Je con­nais­sais la ténac­ité du gars, mais alors là j’étais, une fois n’est pas cou­tume, surprise !

J’avais bien com­pris que réus­sir à join­dre le vendeur et obtenir des expli­ca­tions était devenu une pri­or­ité pour lui, qu’il en fai­sait une affaire personnelle.

Mais bon, le monde n’allait pas s’arrêter de tourn­er si nous n’accédions à cet étrange forum que dans quelques jours.

Ce mys­tère était en train de devenir une obsession.

Con­nais­sant le lous­tic, je savais que cela serait une perte de temps de ten­ter de le dissuader.

Quand il se met­tait en mode ‘’autiste’’, plus rien ni per­son­ne ne pou­vait inter­a­gir avec lui.

Ce n’était pas un manque de respect ou une impo­litesse de sa part, il était ‘’fait comme ça’’ comme je le répé­tais sou­vent ironique­ment à son entourage médusé.

Je le quit­tai donc, sans un mot, ravie de retrou­ver mon lit.

J’ouvris les yeux vers 11h du matin en pleine forme. J’avais dor­mi d’une traite, ce som­meil répara­teur avait été une bénédiction.

Je pris mon petit déje­uner tar­di­ve­ment sous l’œil agacée d’Elsa, ma maman quadragénaire.

Je ne me jus­ti­fi­ais pas, je prof­i­tais de mes vacances sco­laires, voilà tout.

Je finis­sais d’engloutir mon troisième pain au choco­lat – les veil­lés noc­turnes ça creuse – quand une ques­tion essen­tielle me vint à l’esprit : Mais que deve­nait Bruno ? Plus de nou­velles depuis que je l’avais quitté.

Ce n’était pas dans ses habi­tudes. Oui, pour lui il n’y avait pas d’heure pour envoy­er des SMS. Et l’écran dés­espéré­ment vide de mon portable m’inquiétait tout à coup.

Sans vouloir jouer la princesse, j’avais tou­jours droit à un petit mot, un bonne nuit made­moi­selle lorsque je me couchais.

N’y voyez là aucune ambiguïté, Bruno était comme un frère pour moi.

Ce n’était pas la pre­mière fois que je le quit­tais si tar­di­ve­ment, il n’avait jamais oublié cette atten­tion, et cela com­mençait à m’inquiéter.

Je ten­tai de le join­dre par tex­to : aucune réponse. Le mes­sage était indiqué comme reçu mais non con­sulté, … bizarre.

Mon inquié­tude gran­dis­sait un peu plus.

J’essayai alors de l’appeler, j’eus droit au laconique mes­sage du répon­deur au bout de quelques sonneries.

Mon inquié­tude gran­dis­sait encore.

Bruno était ce que l’on appelle un hyper con­nec­té, on pou­vait le join­dre à tout moment de la journée et même par­fois la nuit.

Cette absence de réponse était tout sauf normale.

Je décidai de retourn­er chez lui. J’attrapai le pre­mier tram venu.

Que se pas­sait-il ? Bruno avait-t-il eu un prob­lème ? Je voulais vite savoir de quoi il retournait.

Je son­nai à la porte, per­son­ne ne me répon­dit. J’étais à deux doigts — je sais que cela peut paraître exces­sif — d’appeler les pompiers.

Ses par­ents étaient sûre­ment par­tis tra­vailler, il n’y avait donc per­son­ne d’autre pour ouvrir. Que faire ?

Je fis le tour de la bâtisse, je savais que la porte de la véran­da fer­mait mal, je ten­tai de l’ouvrir frénétiquement.

La chance était avec moi si je puis dire. Elle s’ouvrit sans dif­fi­culté. J’avais l’impression d’être une cam­bri­oleuse, mais qu’importe, il était arrivé quelque chose, j’en étais main­tenant sûre.

Je grim­pai qua­tre à qua­tre l’escalier en bois qui pro­duisit un son inédit et ouvris bru­tale­ment la porte de sa cham­bre. Et là, grosse surprise !

Per­son­ne !

J’avais envis­agé tous les scé­nar­ios : le trou­ver sous la douche, sous la cou­ette, endor­mi sur son clavier… mais pas qu’il soit absent.

Cela ne lui ressem­blait pas. Il quit­tait rarement sa cham­bre durant les vacances sco­laires, cette péri­ode était bénie comme il aimait à le dire : des journées entières qu’il pou­vait con­sacr­er à sa pas­sion dévo­rante pour l’informatique.

Je savais que quelque chose clochait : ses tours infor­ma­tiques étaient restées allumées et cela ne ressem­blait pas à l’écolo qu’il était.

Pour lui l’électricité était pré­cieuse et la gaspiller était inad­mis­si­ble. S’il avait eu besoin de s’absenter il les aurait mis­es en veille ou les aurait éteintes.

Mon atten­tion fut tout à coup attirée par le fameux portable à l’origine de cette aven­ture incroyable.

Il était posé sur le bureau, il sem­blait me narguer.

Non, je ne suis pas para­noïaque ni nombriliste.

D’abord il était allumé, et c’était une bonne nou­velle. Bruno en était venu à bout, mais bon, je n’étais pas inquiète. Aucun ordi­na­teur ne lui avait résisté jusqu’ici.

Ensuite son affichage clig­no­tait. Je ne pus m’empêcher d’aller voir ça de plus près.

Eh bien non, je n’étais pas para­noïaque du tout : mon prénom était osten­si­ble­ment affiché sur l’écran !

Juste en dessous on pou­vait lire Pass­word :

Vous dire que j’étais éton­née par cette sit­u­a­tion serait vous men­tir. J’y voy­ais là une énième facétie de Bruno cou­tu­mi­er du fait.

Mais là il avait fait fort : il s’était lit­térale­ment volatilisé !

Mon inquié­tude gran­dis­sante venait de franchir un palier sup­plé­men­taire : son télé­phone portable était lui aus­si sur le bureau, je n’y avais pas prêté atten­tion sur le coup absorbée par le texte affiché sur l’écran.

Bruno ne le quit­tait jamais, c’est tout juste s’il ne dor­mait pas avec. Je sen­tis une émo­tion m’envahir, j’avais main­tenant les larmes aux yeux.

Je n’avais bien évidem­ment aucune idée de ce que pou­vait être le mot de passe demandé.

Mais où es-tu passé Bruno ?

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Christophe. Admin­is­tra­teur.